L'idée m'est venue en rangeant mes disques et en tombant sur mes vieux albums de ... Sortilège un groupe pour lequel j'avais eu un vrai coup de coeur!
Sortilège avait en substance tout ce que j'aime dans un groupe : puissance mélodie et une voix attachante, lyrics originaux pour l'époque!
Sortilège: les débuts: SORTILEGE fait partie de ces nombreux groupes de heavy metal français qui tentèrent leur chance durant les 80’s. Formé au tout début de la décennie par les frères Dumont, guitariste et batteur, les parisiens de BLOOD WAVE se rebaptisèrent SORTILEGE et accueillirent dans leurs rangs Christian "Zouille" Augustin, un chanteur exceptionnel qui allait propulser le groupe au firmament du heavy metal français. Dès 1982, le groupe commence à se faire connaître en écumant les scènes parisiennes et en enregistrant une première démo. Un de leur titre, « Le cyclope de l’étang », aura l’honneur de figurer sur la compilation Metal Warriors d’Ebony records. Le heavy metal français était encore loin d’avoir explosé, seul WARNING avait étonné son monde avec ses deux albums, d’excellente facture, mais qui étaient encore fortement empreints de hard rock. Avec SORTILEGE, c’est clairement dans la cour des grands groupes de heavy metal anglo-saxon pur et dur que l’on se situe. Bien que Stephan Dumont jouât sur une guitare aux couleurs de VAN HALEN, c’est bien IRON MAIDEN et JUDAS PRIEST que sa musique évoquait. Hélas, SORTILEGE avait le malheur d’être français, est malgré l’immense succès de TRUST et celui plus relatif de WARNING (mais qui dépassa quand même le disque d’or), les maisons de disques françaises étaient encore plus que frileuses à signer un groupe de heavy metal. Ce fut pourquoi les parisiens décidèrent de s’exiler en Hollande afin de signer un deal avec rave-on records, c’est ainsi que SORTILEGE put enregistrer un premier EP éponyme de cinq titres.
Ce premier EP est sans aucun doute une des œuvres essentielles du heavy metal français. Il faut dire que les cinq morceaux ici présents sont de véritables pépites. Riffs inspirés, mélodies finement distillées, solo généreux et chant d’une rare extravagance : tous les ingrédients pour faire du grand heavy étaient réunis, et ça marche.
Dès l’intro d’ « Amazone » on sent qu’on va avoir affaire à quelque chose de grand. Cette intro évoque immanquablement « The Hellion » de JUDAS PRIEST et le riff terrible qui s’ensuit fait le même effet que celui d’ « Electric eye ». Alors certes la musique de SORTILEGE n’est pas vraiment originale et ne fait que suivre celle des ténors anglais mais bon sang quelle efficacité ! Ce premier morceau, on ne peut plus démonstratif, est vraiment excellent. Et que dire de la performance vocale de Christian « Zouille » Augustin ? Exceptionnelle ! Sa voix très haut perchée, tout en faisant preuve d’un superbe lyrisme épique, se situe quelque part entre celle de Bruce Dickinson et Rob Halford. Et ne croyez pas que Zouille n’égale pas ces dieux du heavy, il est largement du même niveau !
Les autres morceaux sont également tous très bons. Stéphane Dumont possède un jeu inspiré et tous ces riffs sont parfaitement mémorisables. Celui de « Progéniture » est le plus classique, mais le passage lyrique et mélodique de ce titre est de toute beauté. « Gladiateur » est lui beaucoup plus lourd et épique, son seul défaut est d’être trop court, car à part ça tout est parfait. « Bourreau » possède un riff bien saignant et les prouesses vocales de Zouille, en parfaite harmonie avec les mélodies de guitare, font une fois de plus merveille.
Le titre éponyme du groupe, « Sortilège », est ici proposé dans une version beaucoup plus speed que celle qui figurait sur la démo du groupe et qui fit l’objet d’un clip. Elle est également amputée de toute une partie instrumentale. Bien que plus percutante, cette version me semble moins bonne que la première. Dommage que le groupe ait pris cette décision. Bon, bien qu’écourté, ce titre demeure excellent même si ses paroles ne sont pas une réussite, de l’aveu même de Zouille.
Les textes de SORTILEGE sont dans un pur style fantastique. « Progéniture » est le seul morceau qui évoque un peu le satanisme, chose que le groupe ne réitèrera pas, afin de ne pas sombrer dans les clichés habituels qui faisait déjà jaser à l’époque. Certes, aujourd’hui cela peut paraître banal de traiter de sujet fantastique, mais en ces temps reculés rares étaient les groupes à le faire sur tout un album. Ainsi, SORTILEGE parvenait à se créer tout un univers fantastique et épique, parfaitement servi par une musique de haute volée.
Ce premier EP constitue le premier chapitre d’une histoire discographique bien trop courte mais terriblement intense. Régulièrement réédité, remasterisé, agrémenté de bonus tracks (des versions anglaises des titres originaux), cela prouve bien tout l’intérêt que suscite encore cet EP légendaire.Fort du succès de son premier EP, SORTILEGE signa un nouveau contrat avec la maison de disque française Madrigal, cependant, n’ayant guère envie d’attendre le bon vouloir de leur maison de disque, le groupe parti en Allemagne afin d’y enregistrer son second opus, Métamorphose. Un choix important pour SORTILEGE. Grâce à leurs contacts allemands ils enregistrèrent dans la foulée une version anglaise et l’album pu être distribué dans de nombreux pays, notamment au Japon. Le succès fut vite au rendez-vous et SORTILEGE devint incontestablement l’un des principaux leaders de la scène hard rock française. Métamorphose confirmant largement tout ce que l’on pouvait espérer avec le premier EP.
Metamorphose: De métamorphose musicale il n’en est pas vraiment question sur cet opus, on navigue toujours dans un heavy metal d’inspiration anglo-saxonne, aux forts relents épiques. Mais l’évolution est notable. La production est en nette progression, tous les instruments sont plus audibles, cette impression est largement renforcée par l’excellente remasterisation dont cet album fut l’objet en 1997. Et surtout, SORTILEGE durcit le ton. Le heavy metal des parisiens se veut beaucoup plus belliqueux. Les riffs sont plus rentre dedans, la paire de guitaristes est bien décidée à ne pas faire de quartier. C’est au travers de la voix de Christian Augustin que cette évolution est la plus marquante. Moins ample et démonstratif que sur le premier EP, Zouille se montre beaucoup plus agressif et vindicatif. Son chant n’en demeure pas moins toujours aussi impressionnant et puissant. On retrouve bien sur ses intonations épiques très caractéristiques, ces intonations qui ne sont pas sans me faire penser à Fabio Lione, j’ai de toute façon toujours pensé que SORTILEGE, de par son aspect épique et son univers fantastique, pouvait plaire aux fans de RHAPSODY.
Ainsi, Métamorphose contient son lot de morceaux heavy courts et directs, qui cartonnent sec. « D’ailleurs », « Légende » et « Civilisation perdue » sont autant d’uppercuts qui laissent des marques. SORTILEGE n’en oublie pas moins d’y inclure des passages très mélodiques, comme le refrain de « Légende » ou le pont de « D’ailleurs ». Dans la même veine, mais en plus développé, le titre « Majesté » est une pièce de choix qui laisse la part belle aux envolées guitaristiques de Stéphane Dumont toujours très mélodiques et réfléchies. « Cyclope de l’étang » est également une perle de heavy metal comme on l’aime. Mais là où le groupe se montre le plus brillant c’est sur le sublime title track, « Métamorphose » et ses paroles Kafkaiennes : une intro acoustique somptueuse, à laquelle fait suite un riff killer avant de laisser place au couplet et sa rythmique tagada. Le final est de toute beauté avec ses chœurs majestueux auxquels se superpose le chant de Zouille.
SORTILEGE sait aussi se montrer plus ambitieux comme en témoigne « Hymne à la mort » qui alterne passage calme, lourd, et accélération heavy. Quant à « Délire d’un fou », il s’agit du titre le plus grandiose de l’album. C’est une ballade de toute beauté dans la lignée de « Beyond the realms of death » de JUDAS PRIEST, comparaison on ne peut plus flatteuse. Zouille en fait des tonnes sur ce titre, son chant est extravagant mais loin d’être dénué d’émotion, bref ça fonctionne parfaitement. Avec le title track, « Délire d’un fou » est le meilleur morceau de l’album. SORTILEGE prouve par là qu’il peut également traiter de sujet plus sérieux et profond que ses habituels récits fantastiques.
Métamorphose est donc un très bon album de heavy metal, les parisiens persistent et signent, l’avenir du groupe paraissait plus que prometteur. La France semblait avoir trouvé son groupe de heavy metal, celui qui pouvait faire jeu égal avec les pointures étrangères. Le meilleur restait encore à venir.
- Spoiler:
line up:
Christian Augustin (chant)
Stephane Dumont (guitares)
Didier Dem (guitares)
Daniel Lapp (basse)
Bob Snake (batterie)
discographie:
Sortilège (1983)
Métamorphose (1984)
Larmes de héros (1986)
une interview de Christian Augustin
http://hexagonemusic.free.fr/interview_sortilege_by_jess_sept2006.php
un site fait par un fan qui leur est dédié; vous pourrez y écouter des extraits de tous leurs titres: la production était pas toujours à la hauteur mais l'originalité présente!
http://membres.multimania.fr/jmtrillon/